mardi 30 décembre 2008

Pris au dépourvu.

Mesdames, messieurs, approchez donc, et n'ayez crainte
Ne vous laissez pas emporter par ces dires saintes
Echappez de cette rigole, suivez la raison,

Et vous dompterez intempéries et saisons.

A la dernière nouvelle, tout va pour le mieux. Il semblerait que, tout le monde est riche, sauf les pauvres. Les capitalistes se portent à merveille, à part leurs dignités. Tout le monde est au chaud, sauf les sans domicile fixe, bien entendu. Hormis tout ceci, nous nous apprêtons, une fois de plus, à tourner la page, à accueillir une nouvelle année. Année qui a décidé, contre toute attente, de venir une seconde en retard. Il ne faut surtout pas tomber dans la compassion, verser une larme, prendre son mouchoir pour enfin s'esclaffer d'un fait frivole. Une larme, à part la beauté qu'elle recèle, coule et sèche vite. L'an prochain donc, les maux qui s'abattront sur ce monde, seront en retard d'une seconde. Mais à quoi bon pourrait nous servir une seconde de plus? Une seconde. Le temps pour une futur prostituée assassinée de respirer le gout amère de la respiration de son assassin. Ou peut être, le temps pour un gamin, futur victime palestinienne, de contempler le ciel ocre, noirci par la fumée. Le temps pour un algérien de fumer du thé une seconde de plus en temps de démocratie, le temps de sentir une autre seconde s'écouler avant de vivre le troisième mandat.

Ca me manquait d'écrire des billets. Enfin...

mardi 23 décembre 2008

Ca m'est adressé. Ne le prenez pas pour vous s'il vous plait.



C'est pas pour rire de la vidéo, mais je vous invite à vous vous esclaffer de ma situation. Voilà, c'était le con, connard, enculé, salopard de Rafik Tigane.

lundi 22 décembre 2008

Une oscillation d'un ballon qui se vide de son air.

Genre... J'avais voulu commencer un jour un article comme ça. Voilà, c'est fait.

Passons, passons mes enfants. Pourquoi sauter dans des flaques d'eau si ces dernières sont à sec? Oui! Oh, oui! Sautille, danse, espèce de con.
Voyons! Pourquoi pisser quand on a une vessie vide? Oui, espèce de trainée, pisse, éjacule du sang, fais gicler du sperme par ta cavité buccale!

Autrement, voilà ce que je suis aujourd'hui, je suis un salaud qui court avec un cœur à la main. Je me laisse bercer par le son du violon, qui est super ma foi.

J'étais malade, et....Oulaaa, une maladie qui déchire, parce que non seulement j'étais malade, mais j'ai découvert un truc super. J'explique, voilà avant de tomber malade (Oh tu nous saoules avec ta maladie) (Mais ta mère quoi! Jt'emmerde, hein!) j'écrivais sans cesse, c'était cool, j'aime bien écrire moi. Et déjà, je répète là, mais la maladie c'était une sinusite.
Le truc, c'est qu'à cause de ce mal, mon ouïe a considérablement baissé. C'était phénoménal! Oh que oui! Je ne comprenais rien, je devenais idiot, c'est à peine si j'arrivais à marcher droit. J'essayais de lire, mais rien. Je vivais déconnecté du monde. En prenant un livre, je le tenais entre mes mains, et rien n'entrait dans mon crâne. Des mots, des syllabes , une suite de sons. Oui ça c'est beau, mais à condition que ça devient palpable, compréhensible. Même qu'on me proposa de lire Baudelaire. Il devait se retourner dans sa tombe. Jl'ai trouvé idiot, même que je comprenais rien à ce qu'il disait.

C'est débile ça. Oui, d'accords, mais après une semaine à être idiot, je me suis lassé. Vous savez, rien écrire est un mal exacerbé pour moi. Je commençais à aimer cet instant où je pouvais écrire tout ce qui me passait par la tête. Je devenais môle, un corps inerte, ça devenait frustrant à force. Heureusement que je n'inspire pas de la pitié, heureusement, mais je comprenais enfin ce que c'était de ne pas prendre une drogue après avoir été accro, enfin faut pas non plus confondre compréhension et sensation, sinon, je passe pour l'ados attardé qui croit tout sentir en comprenant à peine une situation.

En somme, c'était juste pour dire que je ne suis pas mort, et que je suis un salopard. Prière de me cracher dessus avant de fermer la fenêtre.


Chanson de circonstance:


Découvrez Louise Attaque!

mardi 9 décembre 2008

Ma vie c'est une file d'attente, la tienne c'est le carambolage.


Après quatre articles, je me rends compte que je ne me suis pas présenté. Quelle honte! C'est que, loin d'être timide au point de négliger une présentation, j'ai oublié de le faire, préférant écrire à parler de ma personne. Ok d'acc!

Donc, je suis né un printemps, c'est beau le printemps, hein dites? Oui c'est tout beau, il y a des fleurs des oiseaux. Oui, non, mais attendez... Ce n'est pas n'importe quel printemps. Chez moi les méchants militaires et les méchants cruels pullulaient. Oui, j'ai choisi de venir au monde un jour de printemps en l'an 1991. Il y faisait beau, il y faisait noir. Je songeais à rejoindre ce monde et le couvre feu m'en empêchait.

Pour les nonchalants et ceux qui n'aiment pas calculer, j'ai 17 ans. Alors à cause d'une malchance qui, sans le faire exprès, me suit depuis ma naissance, je suis en première alors que je devrais être à la fac. OUAIS SUPER!

Autrement, avant que je vienne à la vie j'avais le choix entre deux vies. L'une était toute tracé: genre euh... Ecole, maison, mosquée, maison, boulot, famille, enfant, mort. La deuxième: Idem, sauf qu'ici, je reçois des mauvaises notes, j'apprends à devenir bagarreurs, je deviens impie, j'aime énormément mes amoureuses et j'apprends la fidélité, j'en déteste d'autres, je deviens marginal, je me relève, je commence à aimer la bonne musique, la philosophie, la littérature... Mais en contrepartie, la poisse me suit partout.

En somme, je ne suis pas recouvert d'un linceul mais je n'aperçois que les premiers lueurs d'une vie inconnue.

Ciao?

Au fait, j'arrive pas à me débarrasser de Echoes, c'est normal? Pourtant les autres chansons sont toutes aussi belles.

samedi 6 décembre 2008

Le con agonisant.


"Je vous mentirai si je disais que je suis athée" disait-il, et il ajouta: "J'idolâtre l'homme, même que je le divinise. Non pas que j'en deviens chantre de 6 milliard d'unité, mais je deviens émule devant certaines personnes. Oui...Oui, je me tue à essayer de leur ressembler...." Il répétait inlassablement ces noms " Balzac! Putain de Balzac! J'aurais aimé le rencontrer et devenir aussi populaire auprès des prolétaires que l'était Marx et Engels"

"Oui monsieur, mais ce n'est pas maintenant qu'il fallait faire ça..." répondais je.

Il me cracha dessus, et n'ayant guère consommé sa vaine vengeance, il me frappa avec la pomme que je venais de lui donner. Qu'aurais je pu faire? L'étouffer avec son oreiller? Oui, ce con ne méritait que cela et bien plus encore. Mais Peut être que je ne dûs pas lui dire ça, surtout en ce temps d'adieu. Mais malheureusement je n'étais pas le seul de ses victimes. Oh que non. Il n'arrêtait pas de tripoter, depuis sa venue, le cul de son médecin traitant. Il le faisait avec joie, un sourire au visage et la regardait droit dans les yeux comme pour lui prouver sa supériorité. Elle, qui est resté grande fille, et stupide comme elle est, se taisait et le laissait faire.

Planté dans ce lit d'hopital depuis ce matin, il est arrivé après qu'on l'eut transporté d'urgence suite à un malaise cardiaque qui lui est survenu dans un bus. D'après ses papiers, il avait cinquante-quatre ans et venait d'un faubourg. Les cheveux d'ébène, les moustaches blanchis par le temps et jaunis par le tabac, sa barbe, mal rasée, témoignait du peu d'intérêt qu'il portait à sa personne. Voilà maintenant quinze heures qu'il est ici, et même si on prévint ses proches, personne ne vint lui rendre visite.

Je sais pas, j'ai pas envie de terminer cette histoire, une autre fois peut être. Les circonstances ne le permettent pas. Comme si c'était vrai. Trimestre de merde, loin d'elle, elle, loin de moi. Elle me manque bordel!
Tiens, les projets pour ces vacances:
Lire Balzac, Mark Twain, Rachid Mimouni, Devenir un vrai scientifique, mathématicien tant qu'on y est.
Lire ce satané Freud et ses idées folles. Reprendre en main mon étude du marxisme. Et pourquoi pas l'anarchisme pour comparer.
Et le meilleur pour la fin. Comprendre pourquoi tu aimes tant Poe, Myriam^^.

samedi 29 novembre 2008

Suite...

Ces jours là, il prit l'habitude de passer par le même chemin qu'il emprunta le jour de sa venue et en retournant vers l'hôtel il revenait vers ce cafétéria pour se reposer tout en prenant une boisson froide. Voilà trois fois qu'il fréquentait ce chemin et trois fois qu'il apercevait le concierge de l'hôtel assis sur ce banc public à attendre l'inconnu avec ce même regard de fou en tenant un bouquet de fleur à la main. Ça l'intriguait et il fallait se rendre à l'évidence, il mourrait d'envie de connaître les causes de ce comportement. En retournant à l'hôtel le lundi soir, le dernier lundi, il avait trouvé le proprio avec ses interminables comptes, et demanda:
- Monsieur, je voudrais vous parler au sujet du concierge.
Pas de réponse...
- Monsieur! Répéta Bruno à voix haute.
- Oui, oui, voilà! Répondit le proprio en mettant de coté ses lorgnon.
- Pourriez vous me parler au sujet de votre concierge?
- Ah Youcef? Vous l'avez aperçu dehors avec son bouquet de fleur?
- Oui en quelque sorte. Vous êtes sûr qu'il va bien?
- Oh, n'ayez crainte, ici tout le monde le connait. Il est cet bête diurne qui hante les rues d'Alger.
- Ah! Mais l'autre soir il m'avait l'air tout à fait lucide.
- Oui, Il est dans cet état depuis que sa compagne l'a quitté.
- Je vois. Sans vouloir indiscret... Il a de la famille?
- Oh...Prenez donc cette chaise et asseyez vous, je vois que vous vous intéressez à son histoire.

Eh bien son histoire commence il y a de cela dix ans, où du moins nos chemins se sont rencontrés il y a dix ans. C'était un jeune étudiant plein d'espoir et qui avait toute la vie devant lui. Youcef avait donc quitté son village natal, après avoir obtenu son bac, pour Alger afin de poursuivre ses études à la faculté centrale d'Alger. Il avait loué une chambre chez moi le temps qu'il règle la paperasse et finir ses inscriptions. N'ayant pas obtenu de chambre pour poursuivre ses études, je lui ai cédé une, en contre partie, il travaillait pour moi à son temps libre. Il était studieux, talentueux, charmant. Bref, tout pour plaire à une fille. Et c'était ce qu'il lui été arrivé. Selma, elle s'appelait Selma, et lui en était tombé fou amoureux, lui le plébéien, elle la fille du bourgeois. Ils vivaient une passionnante histoire d'amour et il n'était pas rare qu'il la fasse venir ici passer du temps avec lui. Un jour, elle dut partir pour la France, disant qu'elle devait ramené des médicaments pour son père malade, du moins c'est ce qu'elle avait prétexté. Le jour de son départ, je me souviens, Youcef était sorti d'ici à seize heures tout excité à l'idée de la retrouver. Il est parti acheter un bouquet de fleur chez le fleuriste qui est à la Grande Poste. Il avait l'habitude comme tout homme ponctuelle de ne jamais faire confiance à sa montre et arrivé là bas, il regarda sa montre et demanda au fleuriste l'heure. Il était dix-sept heures chez le fleuriste. Peut être qu'il se trompait pensait il. Il se retourna alors et demanda l'heure à un passant, idem. Par un moyen ou par un autre, il était en retard d'une heure. Que pouvait il faire? A part courir pour essayer de rejoindre sa dulcinée? Rien. Alors il prit d'un coup sec le bouquet de fleur qu'il n'avait même pas payé et commença à courir, traverser les rues, descendre les escaliers, bousculer les gens. Bref, il ne pensait qu'à ça, la rejoindre. Arrivé au port, le bateau qu'elle devait prendre n'était plus là... Elle était partie... Partie sans qu'il ne puisse la voir. Trois jours après vint le jour dit de son arrivé. Il n'avait plus droit à l'erreur, alors il était parti deux heures à l'avance, à attendre un bateau fantôme. Ce navire n'est jamais venu, elle non plus.

Il cru pour un premier temps qu'il lui était arrivé un accident, mais il n'en était rien, on n'avait enregistré aucun accident ces jours là. Il devint triste, accablé, il s'était mit en tête que si elle s'était enfuie c'était à cause de lui. Il s'était absenté une semaine, une semaine à boire et à essayer d'oublier cette fille, la cause de ses soucis. Après ce laps de temps il revint travailler ici. Depuis, il vivait infiniment ce jour là où il était arrivé en retard. Il passait par le fleuriste, courait, ne trouvait jamais le bateau et enfin il s'asseyait sur ce banc public. Les jours pour lui se succède et se ressemblent, c'était ainsi et c'est ainsi qu'il vit depuis dix ans. Parfois il revenait blessés, les vêtements troués à cause des chutes qu'il faisait toujours...
- Et...Et sa famille alors? Demanda Bruno.
- Sa famille? Ses parents ont essayé de l'emmener avec eux, ils avaient réussi, mais après trois jours il était ici, dans sa chambre....

Je continue donc. Après trois mois, Selma avait envoyé une lettre pour expliquer cette soudaine disparition. Dans l'état où il était je ne pus la lui donner tout de suite. J'ai pris le temps de lire. Elle disait qu'elle était enceinte de dix-huit semaines et qu'il était le père de cet enfant. Elle avait fuit son amour, son quartier, son pays pour ne pas subir l'humiliation que toute femme célibataire endurait en Algérie. Qu'ai je fait moi? Je ne lui ai jamais donné cette lettre. Peut être est-ce une erreur de ma part, mais j'endosse l'entière responsabilité. Il devenait tel un fils pour moi, j'ai de l'affection pour cet enfant, j'ai peur pour lui...

Des larmes venaient éblouir les yeux du proprio. Bruno s'excusa et prit le chemin de sa chambre, il devait se coucher tôt, demain il repartait rejoindre les siens de bonne heure. L'histoire qu'il venait d'entendre n'était pas chose courante, mais il ne fallait pas en faire tout un plat et après la journée qu'il vécu à photographier tout et rien, il se sentait fatigué. Il s'était blottit sur son lit et s'en dormit tout de suite.

Il prit le bateau de neuf heures et demie laissant derrière lui cette Algérie. Il était fier d'avoir enfin connu ce pays quitté la France par la force après que ce peuple algérien devint grand, un peu comme ces vieux souliers jetés car il deviennent petit pour nos pieds mais qu'on fini toujours par regretter après. Fier d'avoir connu l'amour de son grand père, un amour malade et désorienté qui ne sait plus quoi faire à l'image de Youcef qui perdit la raison après avoir été quitté par sa compagne.

Ps: Merci à Sonich pour la photo.
Ps two: Voilà Kamila, là je ressemble à qui? Bruno, Youcef ou M'barek?

lundi 24 novembre 2008

Les vieux souliers.






(L'histoire se déroule dans une Alger blanche, ou plus exactement à la Place Square Port Saïd connue pour son marché informel de change. Le TNA (Théâtre National d'Alger) témoigne d'une faible attirance qu'ont les algériens pour la culture, et les pièces théâtrales se font rares. Le cafétéria Tonton Ville, quant à lui, existe toujours, et ce charme qui l'accompagne perdure. Cependant le cafétéria choisi se trouve dans la rue parallèle au front de mer, plus modeste, plus bruyant et sans terrasse.)








Dans un consulat d'Algérie à Lyon, bruno, qui venait d'avoir son diplôme à l'école national des beaux-arts, venait de sortir son visa à la main et s'apprêtait à rejoindre l'autre rive de la méditerranée pour y passer un court séjour de neuf jours. Son visage ne témoignait pas d'une quelconque jubilation, loin de là, et si on pouvait apercevoir une légère excitation c'était sans doute dû au voyage, car l'idée d'être loin des siens, dans un pays étranger de surcroît, l'effrayait un peu. Ce n'était pas un hasard s'il avait choisi de visiter l'Algérie juste après avoir eu son diplôme. Ses grands parents paternelles, qui étaient des pieds noirs (appellation qu'ils haïssaient d'ailleurs), ont été contraint de quitter l'Algérie à son indépendance. Son grand père su lui peindre, depuis sa plus tendre enfance, cette Alger qu'il connu jadis. De la rue Debussy à Notre Dame d'Afrique en passant par la rue D'isly. Bruno avait appris toutes ces rues et il imaginait, maladroitement, mais passionnément chaque recoin de cet endroit devenu pour lui enchanté, chaque centimètre de cette ville qu'est Alger la blanche où avait grandit ses aïeux.

Après une journée en mer à côtoyer les dauphins il était arrivé à Alger un Lundi après midi. Le ciel était bleu ce jour là, on était le 4 mai 2001. Jusqu'ici, les moyens mises à la disposition des étrangers pour les aider à se trouver dans cette jungle manquaient et il n'avait pas d'endroit où loger. Mais pour Bruno c'était plus un défit qu'autre chose, il décida donc de visiter les rues d'Alger tout seul. Après quelques heures de marche à pied, il songea à se désaltérer dans une cafétéria non loin du front de mer, au square Port Saïd. Il y avait dans cette cafétéria un monde fou, la fumée de cigarette, elle, pullulait dans cette atmosphère bruyant. On entendait de temps à autre le son tonitruant des dominos claqués contre les tables par la main de bon nombre de personnes et de l'autre coté de jeunes étudiants qui s'esclaffaient après avoir eu une pénible journée d'étude. Déjà, dans cette salle étaient entassés tout sorte de gens, ça allait du musulman barbus vêtu d'un burnous à cet intellectuel habillé d'un imperméable noir et d'une écharpe grise.

Bruno s'approcha du bar et pris commande.
- Bonjour! Un coca s'il vous plaît, demanda Bruno.
- Ah, désolé... Mais il n'y a plus de coca, répondit le barman.
- Pas grave, je prendrais ce qu'il y a de bien glacé.
- N'gaous? Un jus?
- Va pour un N'gaous.
C'était un homme trapu, au visage joufflu. Il portait un béret pour cacher sa tête chauve, les sourcils bien garnis et les moustaches luxurieuses jaunis par la cigarette. Il avait ce geste que tout serveur avait. Après qu'un client ait fini de boire il soulevait le verre ou là bouteille, ramenait son chiffon posé sur son épaule gauche pour ensuite essuyer brusquement les traces laissées sur le comptoir et le remettre à nouveau sur son épaule. Il pouvait refaire ce geste trois, quatre, voire cinq fois en une minute, mais il gardait toujours cette même énergie. Bruno s'apprêtait à boire la dernière goutte quand le barman lui demanda:
- Vous venez de France?
- Oui. Justement vous ne sauriez pas où je pourrais me loger?
- Sans problèmes. Venez. Suivez moi.
Il but donc ce qu'il restait dans la bouteille cul sec, passa à la caisse et suivit le barman.
- Vous voyez le Théâtre là bas?
- Oui...
- Eh bien, la rue qui est à votre droite, Bab Azoun, en la longeant vous y trouverez à votre droite l'hôtel l'Europe. C'est le premier en partant du théâtre. Dites au propriétaire que c'est M'barek, M'barek le barman qui vous envoie.
- Merci bien, au revoir.
- Je vous en prie. Partez en paix!

Sur sa route il rencontra un drôle de personnage. Un homme assis sur un banc public, mal rasé aux vêtements usés, troués au niveau des genoux, et tenant en ses mains un bouquet de fleurs. Il donnait à manger à de pigeons idiots qui se bécotaient, quand soudain...Il devint agressif et les chassa tous. Bruno, qui était sur le chemin de cet homme, sursauta et les regards des deux hommes se rencontrèrent. C'était un regard vide, penaud, triste... Les pigeons revinrent à terre pour finir ce qu'il leur est dû et, lui, revint sur ses pas puis s'assit. Enfin, un fou ça court les rues d'Alger, ils n'ont pas d'endroit où aller et où qu'ils aillent il errent à jamais. Bruno poursuivi son chemin en direction de l'hôtel tout en se retournant de temps à autre pour regarder cet être qui traînait sa déprime avec lui.

Il arriva donc devant cet immeuble après deux minutes de marche. On pouvait voir, avant de passer la porte de l'hôtel, ces arcades et ces caryatides, héritage du colonialisme. Blanche au volets bleus, comme toute autres battisses qui jonchaient le sol algérois. Avant même qu'il n'eut le temps de passer la porte une voix lui dit:
- Désolé, mais il n'y a plus de chambre vide pour aujourd'hui.
C'était le propriétaire de l'hôtel, un bien modeste hôtel. Il ne daigna même pas regarder la personne à qui il venait de parler. Il était écroulé dans sa comptabilité et son visage affichait un léger rictus. Sans doute, loger ces étudiant qui fuyaient le Sahel africain était bénéfique, surtout pour un si modeste hôtel.
- Excusez moi... Mais c'est M'barek qui m'envoie, il a dit que...
- Ah! Mais il fallait le dire plutôt. Il y a une chambre qui vous conviendrait sûrement. Vous restez ici combien de nuits?
- Huit.
- Parfait, les repas ne sont pas compris dans le service.
- Pas grave, je me débrouillerai.
- Ça vous coûtera...quatre-vingts euros. Vous payez en espèce ou...?
- Cache!
- Bien! Suivez moi, c'est au premier étage.
Le proprio était grand et fort, il approchait la cinquantaine et des cheveux blancs commençaient à apparaître sur sa chevelure. Un jean, un gilet et des chaussures marrons. Modeste, le bonhomme. C'est à croire que cet hôtel et lui ne formaient qu'un. Les marches de l'escalier étaient construit en bois, vermoulus, qui crépitaient à chaque pas que faisaient Bruno et le propriétaire de l'hôtel. Les murs du couloirs étaient ternes et blanchâtres, résultat d'un mauvais entretien du bâtiment. Voilà qu'ils arrivaient enfin devant la porte de la chambre. Le propriétaire ouvrit la porte et lui céda les clefs de ce qui sera pour lui, pour ces huit prochaines nuits, un domicile. Pas de réelle surprise, la chambre était à l'image de tout le bâtiment, mais le lit était fait et les draps d'un blanc éclatant. Après le voyage et la marche qu'il eut, Bruno, mit de coté le sac qu'il tenait et se laissa tomber sur son lit. Quelques secondes seulement lui fallut pour s'assoupir. Il était déjà dix-neuf heures quand on vint frapper à sa porte. Sur le coup il ne compris pas ce qui arrivait. Il peinait à se lever et avait les yeux a demi ouverts quand il appréhenda que le son provenait de la porte.
- Oui? Qui est ce?
- Room-service.
La porte était à peine entrouverte quand il compris que cet homme n'était autre que ce fou à lier qu'il avait rencontré cet après-midi.
- Monsieur désire une couverture supplémentaire?
- Non...non...ça ira.
- C'est à vous de voir. Bonne soirée.
Ce gaillard s'en alla quand Bruno lui demanda:
- Vous travaillez ici?
- Oui. Pourquoi vous demandez ça?
- Non, c'est juste que cet après midi je ne vous avais pas aperçu...
- Oui. J'étais sorti prendre l'air. Vous êtes sûr que vous ne prendrez pas une couverture?
- Non, non. Merci quand même.
Comment pouvait il être ce fou à lier la journée pour devenir cet être serviable la nuit? Se demandait Bruno. Pour l'instant c'était le dernier de ses soucis. Il sortit du sac son agenda et l'ouvrit. Il était maculé de gribouillis. Des notes fusaient de toute part, des dessins, des noms de lieux ou de monuments, parfois même des schémas. Son séjour promettait d'être chargé et donc il planifia sa semaine pour mieux gérer ses déplacements. Il envisagea, pour peindre, de visiter Notre Dame d'Afrique le lendemain. le mercredi, il songea à la Place de l'Emir Abd Elkader. Jeudi, il pensait à peindre la Grande Poste et vendredi l'église de Sacré Cœur. Les autres jours, il prendrait des photos des gens, des endroit insolites et les scènes qui le marquaient. Voilà! Maintenant qu'il avait fini, il pouvait sortir dîner pour ensuite revenir et aller se coucher tôt, le lendemain sa journée sera chargée.

Au matin, les lueurs du soleils qui se glissaient à travers les volets le réveillèrent. Il regarda sa montre laissée sur la table de nuit, il était déjà neuf heures passées. Il prit donc sa toilette, s'habilla, prépara ses instruments et il quitta l'hôtel pour emprunter le chemin qui menait vers la basilique de Notre Dame d'Afrique. Il n'avait qu'un seul bus à prendre et avant de partir il avait acheté un sandwich histoire de casser la croûte quand il aura faim.

Arrivé à la basilique, il choisit le meilleur endroit et s'installa pour prendre des croquis. Le soleil tapant de l'après midi venu, il entra à son enceinte et y dessina son intérieur. Ce chef-d'œuvre d'architecture fut construit au dix-neuvième siècle après quatorze ans de travaux et elle surplomb les hauteurs de Staouali tout en donnant une vue sur la mer méditerranéenne. Les chrétiens y étaient minoritaires en ce pays musulman et il n'était pas surprenant qu'ils soient, parfois, victimes d'abus de pouvoir et de discrimination. Bruno avait respecté sa planification, et les jours qui suivirent il dessina la statue construite à l'effigie de l'Emir Abd Elkader, la grande poste, cet édifice conçu par deux architectes français, Voinot et Tondoire, dans un style néo-mauresque et enfin, la cathédrale du Sacré Coeur qui avait une drôle de forme, on aurait dit une centrale nucléaire, oui c'est ça, une centrale nucléaire. Chaque monument avait son histoire, son peuple, son passé. Des cultures différentes qui venaient s'entrelacer pour ne former qu'un.

Les jours suivants, il avaient pris au moins cent clichés grâce à son appareil photo. Une panoplie d'images qui décrivaient le quotidien algérien. Ces femmes et ces homme archaïques qui, après quatorze siècles, s'habillent toujours en tenue de bédouins. Ces étudiants, habillés décontractés, qui rêvaient d'un avenir. Parmi eux, ceux qui réussissent ou quittent le pays ou même ceux qui, après tant d'années d'études, deviennent chômeurs. C'était une Algérie encore jeune même après quarante ans d'indépendance et qui ne savaient pas où donner de la tête, entre archaïsme et modernité. Une Algérie pauvre où le taux de chômage atteignait son paroxysme.

dimanche 23 novembre 2008

Je me fais manger par les chiens du voisin.



En cette journée, c'était un soleil ardent qui régnait et je ne pouvais plus relever la tête dûs-je me cacher le visage à l'aide de mes mains. La sueur venait glisser sur mon visage. Je m'essuyais tout le temps le visage mais... Je n'en pouvais plus... J'avais du mal à marcher et cet putain de claudication m'accablait! Je n'en pouvais plus...Je vacille, je titube, je me suis même agenouiller... J'ai peine à me relever... Ces foutus mouches commençaient à tourner autour de moi. Ces salopards d'insectes me léchaient, ils adoraient ça, j'étais pour eux ce repas tant attendu car, putain...je sentais déjà le miasme. Et cette fichue kyrielle de sons...Ventilateur, mouche, claque... Ventilateur, mouche claque...

Ah! Je hais la routine! Putain d'examens!

vendredi 21 novembre 2008

Nous y étions tous réunnis.



-...Et ainsi de suite...
- Oui? Vous pourriez répéter?
- Non... Laissez tomber.
De toute façon je n'arrivai pas à suivre ce qu'il disait, ma pensée comme mon regard ne trouvaient aucun intérêt à poursuivre la discussion qu'il partageait avec moi. Cet chose... cette personne... Cette personne ne me donnait en aucun cas envie de lui parler. Je ne comprenais toujours pas comment des personnes aussi bavardes pouvaient exister et encore moins avoir une bouche.

Nous étions donc tous assis sur ce sofa, trois personne pour être exact, à contempler ces jeunes gens, joyeux, pleins d'entrain et embellis par cette énergie qu'est la jeunesse. Nous avons été invité à une fête organisée par une amie à son honneur car elle venait d'avoir son bac, comme tout le monde présent à cette fête, enfin je crois. Je commençais à me sentir mal à l'aise et l'amie pour laquelle j'étais venu ne voulu pas tacher mon regard avec son sourire. Le temps coulait lentement, je me suis servi du premier verre, du deuxième, du troisième...

Toujours un verre à la main pour passer le temps, et j'étais là, installé à califourchon, car non seulement ce type était acariâtre, mais l'odeur fétide qu'il dégageait était épouvantable. Jusqu'à ce que j'aperçoive une fille qui, sans le faire exprès, me faisait éprouver une sensation de déjà-vu, un drôle de sentiment, c'était même agréable après avoir eu, de toute la fête, à supporter ce personnage stupide en aparté. Je n'arrivai plus à ôter son visage de ma tête. L'endroit où j'avais pu la rencontrer m'échappait et, n'ayant rien à faire, j'essayais de me rappeler ce que son visage pouvait m'évoquer. Après quelques instants mon regards s'est égaré pour rencontrer le sien. Si elle était belle? Pas le moins du monde et si j'avais à décrire la "beauté" je ne citerais pas le nom de cette fille. Mais elle m'attirait, elle devint pour moi mystérieuse, oui, son image devint pour mon être un secret enfui en moi que je devais déceler....