Accoudé à un bar, j'échangeais avec Sarah les paroles qui resteront, de ma journée, les plus sensées. Seules, les dires que nous partagions importaient, face au bruit du téléviseur accroché à un coin du cafétéria. Un match de foot, semble-t-il; la coupe d'Algérie. C'était un Jeudi. S'ajoutait au bruit, la fumée de la cigarette. Sarah me proposa une brune, mais je refusai; un mal de tête commença à me hanter.
Son copain venait de la plaquer; elle ne parlait que de ça. Comprends-tu? Disait elle, on a battit notre relation pendant deux ans, et voilà qu'il vient de tout démolir. Je n'arrivais pas à trouvais les mots. Elle est chère à mes yeux. Nous nous connaissons depuis le primaire et, jusque là, quelques querelles seulement ont vu le jour entre nous, sans plus. Ce jour là, elle a mit du Khôl; elle n'arrivait pas à bien s'en dormir. Je pensais que ce "plus" venait embellir les yeux d'un visage dont les traits devenaient pour moi familier.
On parlait pour ne rien dire. Soudain, mon regard s'est égaré sur une bagarre qui s'est déclarée juste devant la cafétéria où nous étions. Les gens commençaient à se précipiter, et de l'autre coté, je vis les flics courir vers ces deux personnes. Je fis de même; je me dirigeai alors vers la porte de sortie. La situation devenait burlesque. Les jeunes commençaient à taper des mains et à crier. Les flics commencèrent alors à écarter la foule. Je vis alors se dessiner les traits de Sarah.
- Sarah?! Criais-je.
Les gendarmes, en tenue bleue marine, l'étreignaient. Pas même une inspiration avais-je fait quand elle se débâta, enfui sa main dans son sac à main et braqua son arme sur l'autre personne. Il ne fallu pas une autre seconde avant qu'elle ne laisse partir le coup. Ni le soleil qui aveuglait, ni l'odeur de la fumée venait encombrer ce son. Tout avait perdu sa valeur, seul, le son strident du projectile importait. Son arme venait de rompre le lien qui unissait bruit et cohue; quelques bruit de pas seulement venaient envahir l'atmosphère. Les gens commencèrent alors à se hâter pour voir ce qui s'est passé. Je restais coi, planté comme un if. Je ne comprenais plus ce qui arrivait, et le gens commencèrent à me bousculer.
- Mounir! Qu'est ce que tu fais?! Viens, on va croire qu'on veut pas payer nos boissons!
Je tournai la tête. Tout devint noir. Je mis quelque secondes avant de pouvoir recouvrir la vue. Rien ne me paraissait normal, et je ne me souvenais que des derniers mots de Sarah: Si j'attrape cette fille je la tue!
Rien de plus, ni moins, d'ailleurs.Ce devait être ce mal de tête, la fumée, ou la chaleur et l'humidité de cet après midi là qui m'étaient montés à la tête. Tout avait disparu, tout s'était évanoui; la bagarre, les policiers, la foule, les gens.
- Quoi? Arrête de faire ton débile, me dit elle en réponse à mon regard vide, mais ô combien rempli de question.